Cercle vicieux : état de veille permanente et trouble du sommeil
Dans les cas de misophonie de forte intensité, l’anticipation permanente conduit à un état de veille permanente (même la nuit, le cerveau est en alerte, inconsciemment, à la manière du cow-boy ne dormant que d’un œil, avec un colt caché sous l’oreiller). Le système nerveux se met en mode « orthosympathique » de manière permanente. Cela empêche le repos. Un phénomène d’usure due à la chronicité apparaît, avec des retentissements psychologiques importants. Les conséquences sont évidentes sur le sommeil.
Plus le sujet est dans l’anticipation, plus il est tendu quand le son déclencheur arrive. En même temps, l’anticipation permet de se protéger, car quand le misophone voit un mouvement suspect (un individu portant un biscuit à la bouche par exemple), quand il a anticipé, il peut tourner les talons ou encore se boucher les oreilles. En effet, il n’y a rien de pire que de se faire surprendre, par un son qui vous déclenche sans prévenir, surtout la nuit, quand cela vous tire de votre sommeil, si votre conjoint(e) boit un verre d’eau alors que vous dormez à côté. Le bruit en lui-même vous tire de votre réveil. La colère est alors à son comble.
Le problème est paradoxal. D’un côté l’anticipation permanente est source d’usure, car elle vous force à un état de veille permanent, mais de l’autre côté cet état de veille permanente vous protège, car vous permet de mettre en place des stratégies de gestion, dites stratégies de « coping », comme faire du bruit avec un emballage alimentaire ou du papier aluminium pendant le repas, ou faire du bruit avec ses couverts à table, pour masquer le son.
Une fois que le son déclencheur a été émis, si vous vous trouvez dans une phase de fatigue due à une usure permanente liée d’une part à votre trouble et d’autre part au stress quotidien qui se surajoute, le son peut tourner en boucle dans votre cerveau pendant très longtemps, parfois plusieurs jours. Vous adoptez alors bien souvent une stratégie d’imitation du son, (donnant une impression de soulagement), ou une stratégie d’extrême acupression pouvant aller jusqu’à la douleur sur les zones musculaires contractées suite à la réponse physiologique, en guise de contre partie, afin d’essayer de vous détendre. La douleur physique ressentie sur un point de pression extrême venant contrebalancer la douleur psychique.
On relève certains cas de misophone qui se soulagent en dormant à même le sol, pour être en contact avec la terre ferme (réflexe animal du besoin de sécurité).
Le misophone peut dormir avec un oreiller sur la tête (sorte de rempart de protection), complétant sa méthode en se couvrant les oreilles avec les mains.
L’effet indésirable d’une telle pratique est bien souvent le réveil nocturne due au fourmillements ressentis dans les mains ; en effet, sur la longueur, le poids de la tête sur les mains et la courbure des membres supérieurs arc-boutés sur les oreilles font que le sang circule moins bien. Cela crée au cours de la nuit une paresthésie, un engourdissement des membres.
Le misophone peut avoir l’impression d’être dans un cauchemar. Quand l’organisme parvient à se reposer quelques jours après, et qu’il parvient à sortir du mode « orthosympathique », c’est la sortie du long cauchemar. Le misophone a l’impression de sortir d’une torpeur sourde. Les heures passées à ruminer ont presque quelque chose d’irréel, de l’ordre du rêve éveillé, comme si la vision avait été brouillée quelque temps et qu’on revient à la lumière après un orage ténébreux. Le long cauchemar fini, le misophone revient à la vie, jusqu’au déclenchement suivant.
Cas de la crise intense
Lors de la crise intense, le misophone voudrait s’arracher les tympans pour ne plus entendre, mais cela est difficilement réalisable. Il est comme piégé à l’intérieur de lui-même, avec une volonté de sortir de lui-même. Mais cela est par nature impossible. Pour des raisons de décence sociale, il explose rarement. Il est donc condamné à imploser.
De brusques spasmes peuvent traverser son corps, dans la mesure où il retient son agressivité. La tête peut se redresser vivement, avec des secousses latérales. Le buste peut également se crisper et les orteils se mettre soudainement en extension.
C’est ce qu’il se passe lorsque le sujet ne projette pas son agressivité sur l’extérieur. Si il vient à la projeter, il peut taper sur des objets inanimés. Le misophone ne tape pas sur des personnes, car il se contient toujours et est conscient de l’irrationalité de son comportement.