La physiopathologie de la misophonie en résumé

Le système nerveux autonome 

C’est du côté du système nerveux autonome qu’il faut chercher, quand on veut comprendre le fonctionnement de la misophonie.

Comme nous l’avons vu, le système nerveux autonome est la branche du système nerveux périphérique qui est entre autre responsable des changements physiques involontaires liés à la réponse fuite/combat. Il est divisé en 2 branches :

-le système nerveux sympathique

-le système nerveux parasympathique

sympathiqueparasympathique
Système fuite/combatFreine l’activation du mode fuite/combat Digestion et repos
Est activé automatiquement en réponse à une quelconque peur (anxiété, stress…)Est activée quand la personne a atteint un certain niveau de sécurité ou évalue que le danger potentiel n’en est pas un
Effet activateur (production d’adrénaline)Effet inhibiteur (production d’acétylcholine) NB : L’acétylcholine a un effet inhibiteur sur l’activité cardiaque mais a néanmoins un effet excitateur sur le SNC
Augmentation de la pression artérielleDiminution de la pression artérielle
Augmentation de la fréquence cardiaqueDiminution de la fréquence cardiaque

Le système nerveux central et le système nerveux périphérique communiquent ensemble pour rendre possible les actions volontaires mais aussi les actions involontaires, comme les pensées et les émotions, que nous observons cliniquement par le comportement.

Les stimuli de l’environnement extérieurs entrent dans notre système nerveux à travers nos organes sensoriels (les oreilles) et l’information est traitée selon un système complexe.

Répondre à un danger

Le misophone répond aux sons comme si ils constituaient  un danger. Notre partie du cerveau subconsciente (le système limbique) nous fait prendre cette décision. Ici, la partie cognitive et rationnelle du cerveau est totalement occultée et n’intervient pas dans le processus.

Le misophone a mis en relation certains sons spécifiques avec un épisode de colère. Ces sons qu’il a encodés lui rappelle alors instinctivement des émotions négatives qu’il a pu vivre par le passé, ou qu’il a construit ex nihilo, en l’absence de tout traumatisme. Ce décryptage de l’information sensorielle passe par un circuit court (passage par l’amygdale sans atteindre le cortex), ce qui fait que la réponse provoquée se fait à la manière d’un “réflexe” renforcé par l’habitude. La réponse n’est donc ni consciente, ni raisonnée. 

Il y a un processus d’habituation qui se met en place (routine de la communication nerveuse et voies nerveuses renforcées) qui fait que le misophone continue de réagir de la même façons aux stimuli auditifs. Pour que le cerveau réagisse différemment, il faut le rééduquer différemment, dans le champ du système nerveux autonome (non volontaire). Cela nécessite donc un travail très long et très délicat de rééducation du cerveau. Le phénomène de plasticité cérébrale peut cependant nous donner de l’espoir en la matière.

Les étiologies possibles de la misophonie

L’étiologie est plurielle.

La plupart du temps il s’agit d’une connexion atypique impactant les voies reliant la zone du traitement auditif du cerveau et la zone du traitement des émotions du cerveau (le système limbique).

Cette connexion est a priori surmyélinisée (ce qui a pour effet de surstimuler la conduction cérébrale). Pour expliquer ce qu’est la myéline, je vous renvoie au manuel d’anatomie et de physiologie humaine de Tortora et Derrickson, qui explique que « les axones de la plupart des neurones sont entourés d’une gaine de myéline formée de plusieurs couches lipidiques et protéiques. Comme la gaine isolante qui recouvre un fil électrique, la gaine de myéline isole l’axone d’un neurone et augmente la vitesse de propagation du potentiel d’action. Les cellules de la gaine de myéline s’enroulent autour des axones pour former une centaine de couches concentriques, comme le font les nombreuses couches de papier hygiénique recouvrant un tube de carton. Les axones qui sont entourés d’une gaine de myéline sont dits myélininsés, alors que ceux qui en sont dépourvus sont dits amyélinisés. » La gaine de myéline facilite la conduction nerveuse.

D’autres zones du cerveau peuvent également intervenir, comme l’insula et certaines zones du lobe frontal, qui peuvent aussi impliquer le processus des émotions.

La partie anatomique du cerveau impliquée est l’amygdale, cette dernière est responsable de la mise en lien de l’activation du système nerveux autonome avec la réponse de fuite/combat.

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