Misophonie et génétique :
Certains facteurs génétiques favorisent la misophonie. Certaines études indiquent que les sujets atteints du trouble de traitement de l’information sensorielle sont plus enclins à développer la misophonie. Le trouble du traitement de l’information sensorielle (SPD en anglais pour « sensory processing disorder ») est un trouble génétique, donc si un enfant a des gènes « SPD », il aura un terrain plus propice au développement de la misophonie.
Il y a également d’autres pathologies influencées par la génétique, comme l’anxiété ou la bipolarité qui ont des racines génétiques fortes. On peut dire que plus une personne est soumise au stress, au conflit, à la tension, plus elle sera susceptible de développer de la misophonie. Certains terrains sont plus propices. La personnalité très calme et difficilement irritable a beaucoup moins de chance de développer ce trouble.
Pour autant, cela ne signifie pas qu’il existe un gène de la misophonie. Il se peut que l’on ait une prédisposition, que l’on développe ou non. C’est ce que nous apprend l’épigénétique, avec les gènes que l’on exprime ou non. La génétique n’est pas le seul facteur, loin s’en faut. La misophonie a besoin d’une expérience pour émerger. Et elle reste un conditionnement acquis par l’expérience.
Misophonie et expérience acquise
L’étude du Dr. Kumar a montré un lien entre l’activité de l’insula antérieure et du cortex préfrontal ventromédial. Ceci est très important car le cortex préfrontal ventromédial est connu pour être impliqué dans l’apprentissage associatif (ou l’apprentissage par l’expérience). Ainsi, cette recherche montre que la réponse du cerveau faisant suite aux stimuli déclencheurs est une réponse émotionnelle conditionnée (apprise), cette réponse étant néanmoins gérée dans le système nerveux autonome. Elle est donc une réponse réflexe émotionnelle involontaire. Une émotion involontaire instantanée est imposée au misophone. Avec la misophonie, la personne ne choisit pas comment se sentir après un déclencheur, cela se produit automatiquement.
En résumé, cette étude fournit la preuve que la physiopathologie de la misophonie est structurée sur un apprentissage anormale du traitement de l’information sensoriel localisé dans le cortex préfrontal ventromédial, qui à son tour va entrainer des zones du cerveau liées au traitement des émotions.
La bonne nouvelle qu’on peut en tirer est la suivante : la réponse misophonique se développe à travers les expériences de vie. En tant que tel, il est le résultat de la plasticité cérébrale (et non du «câblage» du cerveau). Cela signifie qu’il est à espérer que le «câblage» du cerveau peut être changé avec un traitement approprié, ce que nous constatons dans de nombreux cas, avec la mise en place de techniques appropriées.