Tom Dozier a réalisé des enquêtes aux Etats-Unis, dont voici le résultat sous forme de tableau. Ce dernier est tiré de son excellent ouvrage « understanding and overcoming misophonia », uniquement disponible en version anglaise et allemande à ce jour, dont je reproduis ici la traduction.
Liste des déclencheurs auditifs :
Bruits de personnes mangeant – toutes formes de mastication, croquer, claquement de bouche, avaler, parler avec de la nourriture dans la bouche | 94% |
Sons émis par la fourchette de table sur une assiette, fourchette qui gratte les dents, bruit de cuillère sur un bol, tintement de verres, etc… | 63% |
Bruits de personnes buvant/sirotant, faisant des « slurp », disant «ah» après un verre, avalant, respirant après un verre, etc… | 78% |
Autres sons buccaux, se lécher les dents, se lécher les babines, bruit de baisers, se brosser les dents, etc. | 76% |
Sons associés à la nourriture : ouverture d’un sachet de chips, froissement d’une bouteille d’eau plastique, poser une tasse, etc. | 55% |
Bruit respiratoire – reniflement, grognement, respiration nasale, respiration régulière, ronflement, sifflement nasal, bâillement, toux, raclement de gorge, hoquet, etc. | 82% |
Bruits domestiques des personnes-voix / TV / musique / basse à travers les murs, claquement de porte, coupe-ongles, battements de pieds, bruit de tongs, pas lourds, bruit de pas à l’étage, craquement des articulations, grattage, bébé qui pleure, balle qui rebondit, etc. | 65% |
Bruit de clavier sur les touches, clics de souris, retournement de page, bruit du crayon sur le papier, son de l’imprimante, clic de stylo, tapotement de stylo, tapotement sur le bureau, etc. | 54% |
Sons déclencheurs vocaux-consonance (S et P en particulier), sons de voyelle (peu communs), bruit de lèvre en parlant, voix sèche, voix graveleuse, chuchotement, mots spécifiques, sons sourds, plusieurs personnes parlant à la fois, «euh», etc… | 51% |
Chanter, fredonner, siffler | 48% |
Sons d’animaux – chiens / son de la toilette du chat, chiens qui lape, aboiements de chiens, chant du coq, gazouillis d’oiseaux, sons de grillons, sons de grenouilles, animaux qui se grattent, gémissements de chiens, etc… | 33% |
Sons électroniques, sonneries de téléphone, clics, tonalités d’alerte, bips, etc. | 28% |
Bruits de la maison, de l’équipement – réfrigérateur en marche, sèche-cheveux, rasoirs électriques, horloges à retardement, bruit dans les tuyaux, bruit des tondeuses à gazon, bruit de chasse d’eau des toilettes, etc. | 24% |
Autres – Équipement agricole, pompes, bip de secours, bruit de la circulation, bip de verrouillage de voiture, claquement de porte de voiture | 16% |
J’ajouterai à cela le bruit de quelqu’un qui se ronge les ongles.
On voit que dans l’immense majorité des cas (94%), il s’agit des bruits autour du manger et de la sphère ORL.
Liste des déclencheurs visuels selon une étude datant de 2015 (étude de Tom Dozier)
Manger la bouche ouverte | 78% |
jambes ballotantes, se tortiller les pieds | 48% |
Mouvement des joues lors de la mastication | 42% |
mouvements répétitifs de la main tels que les pouces qui se tortillent, se toucher le visage, se ronger les ongles, etc. | 39% |
Mouvement de la main qui pointe, mouvement de la main qui apporte des aliments vers la bouche | 24% |
se toucher les cheveux | 17% |
Autres | 9% |
La colère qui en découle est irrationnelle et met le sujet dans une situation de perte de contrôle. Le passage à l’acte (punition de la cible) est extrêmement rare. Le misophone garde tout à l’intérieur, principalement car il est bien policé par son Surmoi. De plus, il éprouve dans la plupart des cas un sentiment de honte vis- à- vis de ce mécanisme. Il garde donc tout pour lui, ce qui le rend extrêmement crispé. Suite à l’exposition à ces sons déclencheurs, il y a un bouillonnement intérieure, une crise, une véritable implosion, et le sujet reste très tendu, pendant plusieurs minutes après l’exposition. La réitération à l’exposition durant tout le repas fragilise de plus en plus le sujet et le rend de plus en plus irritable. Des pensées ruminantes reviennent en boucle parfois plusieurs heures après l’exposition aux sons, dans les cas les plus extrêmes.
Le déclencheur peut être d’origine sonore (le plus souvent), mais également visuel (mouvement de balancier, visuel répétitif). Par exemple, votre compagne se mordille la lèvre déclenchant un petit mouvement de rictus sur la joue, ou par exemple votre collègue de bureau fait toujours le même mouvement de balancier avec son tibia lorsque il est assis sur sa chaise. Le déclencheur visuel est plus rare. Il peut venir s’associer à un son, ou venir compléter la panoplie du handicap déjà lourdement chargé par la réaction aux stimuli d’origine sonore du misophone.
Petite particularité : le misophone est généralement moins dérangé si le bruit provient d’un enfant en bas âge ainsi que d’un enfant, même si ce n’est pas une règle universelle. Dès que l’émetteur arrive à la pré-adolescence, cela peut déjà commencer à déranger le misophone.
La colère qui en découle est involontaire. Elle arrive comme un réflexe. L’émotion négative est immédiate, spontanée. C’est ce qui caractérise la misophonie. Il ne s’agit pas d’un simple agacement qui provient de la répétition d’un son et qui arrive petit à petit. La réaction est indubitablement immédiate.
L’émotion ressentie est principalement la colère, pour ne pas dire de la rage, car le mot colère est trop faible. Toutefois, il arrive que le sujet puisse éprouver de l’anxiété, de la tristesse, ou du dégoût.
Tom Dozier montre dans ses recherches qu’il y a une réaction musculaire, une tension musculaire spontanée, de l’ordre du réflexe conditionné. Cette tension musculaire arrive dans le millième de seconde, elle n’est pas consciente. Ce réflexe musculaire va entrainer alors à son tour une émotion négative. Le sujet est dans une situation de fuite ou de combat.
Le modèle proposé par Tom Dozier a rendu possible un traitement spécifique. Pour en savoir plus sur ce modèle et sur le traitement approprié qui existe, je proposerai dans les mois qui viennent une thérapie en ligne, vous expliquant de manière concrète comment procéder.