Biologie de l’évolution et théorie polyvagale (Stephen Porges)
La physiologie humaine s’est développée tout au long de l’Evolution.
Nous sommes passés de l’état de bactéries, à l’état de poisson, puis de reptile, et enfin à l’état de mammifères.
Au cours de cette évolution, notre système nerveux a gardé des traces de ces différents stades.
Le système sympathique est un stigmate hérité du stade évolutif du poisson, qui lui permettait des accélérations fulgurantes pour fuir les prédateurs.
Le système parasympathique est hérité du stade évolutif du reptile, ce qui lui permet de prendre une position figée lorsque il est en danger extrême.
Le système parasympathique (voie vagale ventrale) permet également la relaxation, le repos, la digestion, le lien social, lorsque on est dans un état de paix et d’absence de danger. Cette voie est typique des mammifères, qui sont des animaux grégaires, ayant la nécessité d’avoir du lien social.
En tant que mammifères, nous cumulons les 3 modes de fonctionnement suivants, correspondant à 3 circuits différents au niveau du système nerveux :
-dans un environnement sûr : prédominance du système parasympathique, avec notamment la voie vagale ventrale, qui s’occupe de la sensation de sécurité, qui facilite le lien social, les activités cognitives, le repos, la digestion. Lorsque on se sent à l’aise et en lien, c’est le système parasympathique qui dirige.
-dans un environnement dangereux ou avec des signaux potentiellement dangereux : prédominance du système sympathique, qui nous permet de passer à l’action : fuir ou combattre.
-dans un environnement où notre vie est menacée (cas extrême) : prédominance du système parasympathique, qui s’enclenche dans les chocs extrêmes ou les traumatismes très violents : La voie vagale dorsale répond à ces signaux extrême par l ‘effondrement de notre système. On fait alors « le mort », comme notre ancêtre le reptilien. En situation de stress dépassé ou d’atteinte psychique ou corporelle trop violente (viol, attentat), certaines personnes restent figées (état protectif d’enfermement, le corps ne répond plus, il est comme mort).
Il est important au préalable de comprendre ces 3 voies de réactions possibles, qui sont orchestrées par notre système nerveux, via ses 2 branches (sympathiques et parasympathique), pour comprendre dans quel circuit neuronal nos informations vont transiter lors du déclenchement des sons misophoniques. Les neurotransmetteurs (agents chimiques de transmissions d’information libérés par les neurones après une stimulation électrique permettant l’activation de telle ou telle fonction) seront différents selon que l’on emprunte la voie sympathique ou parasympathique.
Activation notamment d’adrénaline (récepteurs adrénergiques) pour le système sympathique, activation notamment d’acétylcholine (récepteurs cholinergiques) pour le système parasympathique. Les deux systèmes ont un effet contraire ou antagoniste. En réalité, ils se complètent, afin de s’adapter au milieu, et de conserver l’homéostasie (équilibre intérieur) de l’organisme.
Cette description est très grossière et manque de nuance et de précisions, mais l’objectif est de donner un schéma vulgarisé pour avoir une image simple du fonctionnement neurologique qui est extrêmement complexe.
Tout comme l’intéroception caractérise le processus de détection interne du corps, la neuroception (terme conceptualisé par Stephen Porges) caractérise le processus de détection inconsciente de l’organisme du caractère sûr ou menaçant de l’environnement.
La théorie controversée du cerveau triunique :
Selon cette théorie, notre cerveau aurait 3 couches successives qui se seraient formées au cours de l’évolution :
-Un cerveau reptilien, apparu en premier
-Un cerveau paléomammalien (apparenté au cerveau limbique),
-Un cerveau néomammalien (apparenté au néocortex), apparu en dernier
Le professeur Jerry Alan Johnson, dans le volume 1 de son traité de Qi Gong médical précise que « ces trois aspects du cerveau (reptilien, mammalien et néocortex) sont perçus comme étant biologiquement distincts, à la fois au niveau chimique et structurel. Les plus anciennes formations du cerveau sont responsables du système nerveux autonome, tandis que le néocortex (le plus récemment évolué) est chargé de la pensée et du mouvement volontaire. »
La théorie du cerveau triunique repose sur l’hypothèse d’une évolution du cerveau humain en plusieurs phases, qui correspondrait à l’apparition sur terre des différentes classes phylogénétiques d’animaux. Cette évolution serait comparable aux couches successives de l’écorce d’un arbre.
Ainsi, notre cerveau serait divisé en trois couches : une couche reptilienne, appelé le cerveau primaire ou primitif ou encore cerveau archaïque, hérité de nos ancêtres les reptiles. Une couche limbique, centre des émotions. Et une couche du néocortex, siège de la pensée ;
La misophonie serait donc ici associée au cerveau reptilien. Pour autant, cet outil théorique de représentation du cerveau par 3 couches structurelles formées successivement pourrait bien être obsolète. Il ne convient donc peut être pas d’expliquer comme cela l’anatomophysiologie du cerveau, mais il est important de comprendre cette théorie, car on entend souvent parler de « cerveau reptilien », sans vraiment savoir d’où ce terme provient.
Principe à comprendre sur le cerveau
Le système cérébral propose des fonctions gérées en réseau. Quand par exemple trois zones particulières en même temps s’activent, une fonction particulière émerge, grâce au réseau connecté de ces trois régions du cerveau.
Ainsi, le cerveau fonctionne en réseau et les fonctions ne sont pas strictement localisées. Plusieurs localités du cerveau peuvent s’associer pour permettre de faire émerger une fonction. Souvent, plusieurs zones cérébrales sont impliquées pour la même fonction. Par exemple, tel lobe du cerveau, en association avec un autre lobe, est responsable du mouvement. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est assez difficile de se repérer au niveau de la physiologie cérébrale, cela rend les choses complexes.
Le corps humain n’a rien de bon ou mauvais, il y a meilleur ou pire, mais tout a une fonction.
Même l’anxiété a une fonction, dans le sens où elle oriente notre comportement vers un but, dès lors qu’elle n’est pas pathologique.