Amygdale et hippocampe

Le rôle de l’amygdale

L’amygdale, située dans l’encéphale, a une fonction bien précise : elle permet de décoder les stimuli qui pourraient être menaçants pour l’organisme.

Cette dernière fait partie de ce que l’on appelle le système limbique (appelé également cerveau émotionnel).

L’amygdale participe à la reconnaissance et à l’évaluation du tropisme émotionnel des stimulis sensoriels. Elle est impliquée dans l’apprentissage associatif et dans les réponses comportementales et végétatives associées, notamment dans des situations présentant de la peur ou de l’anxiété. On peut décrire l’amygdale comme un système d’alerte. Elle est également impliquée dans la détection du plaisir.

Effet de la stimulation de l’amygdale

Des expériences ont été réalisées sur des animaux, notamment sur des chats.

Des chercheurs ont fait passer une stimulation électrique dans l’amygdale de chats. Voici ce qu’ils ont observés :

-une augmentation de la pression artérielle (tension) et de la fréquence cardiaque (tachycardie)

-une augmentation de la corticostéronémie (taux de corticostérone dans le sang)

L’hormone comparable chez l’humain pour une réponse au stress est le cortisol, fabriqué par les glandes surrénales.

-le chat arrête immédiatement sa tâche en cours et initie des mouvements de recherche

-ses poils se hérissent et on observe une miction

-il se met à grogner, à siffler

-il prend une posture d’attaque

Chez l’homme, on a pu tester la stimulation de l’amygdale pour cerner la zone épileptogène chez des sujets épileptiques. Suite à l’envoi de stimuli électrique dans l’amygdale, le sujet présente des sentiments de peur et d’anxiété ainsi que des réactions autonomes de peur.

Les circuits de la peur

Il est intéressant d’observer ce qu’il se passe dans notre cerveau en situation de peur. L’information peut transiter par 2 voies différentes :

-une voie courte : traitement sensoriel-thalamus-amygdale-réponse

-une voie longue : traitement sensoriel-thalamus-cortex cérébral-hippocampe/amygdale-réponse

On voit bien que le misophone emprunte la voie courte, qui ne passe pas par le cortex pour établir sa réponse. Le cortex étant le siège de la fonction cognitive et donc permettant la rationnalité.

le conditionnement aversif

Une étude publiée par Joseph E.Ledoux, dans « the emotional brain », Weidenfeld & Nicolson, nous fait part d’une expérience sur les rats, afin d’étudier l’apprentissage de la peur.

Les scientifiques testent 2 stimuli différents chez le rat :

-un stimulus neutre (à savoir un son), qui produit chez le rat uniquement une action exploratoire.

-un stimulus désagréable (une décharge électrique), que l’on peut qualifier de stimulus non équivoque.

Puis, ils associent le stimulus neutre (son) et le stimulus désagréable (décharge électrique)

Après la répétition de l’association de ces deux stimuli, le rat va réagir de la même manière au stimulus neutre (le son) et au stimulus désagréable (la décharge électrique). Dès le déclenchement du stimulus du son, il s’immobilise complètement, adoptant une position figée.

On nomme cela le conditionnement aversif. La décharge électrique provoquait une réponse inconditionnelle (le fait de se figer). Le son neutre provoquait seulement une action exploratoire. Mais après le conditionnement, le stimulus neutre (le son) acquiert les mêmes propriétés aversives que le stimulus de la décharge électrique. On voit ici que l’organisme du rat a associé les deux stimuli pour donner une réponse aversive unique et conditionnée. Vous suivez le lien que l’on peut faire avec la misophonie ?

Espoir : si le cerveau par la plasticité cérébrale est capable d’apprendre (conditionnement), il devrait pouvoir être capable de désapprendre (déconditionnement). Le problème est que le processus de déconsolidation de la mémoire est aussi long que celui du processus de consolidation de la mémoire. Réfléchissez aux nombres d’années de conditionnement aversif que vous avez déjà subi, en faisant travailler votre cerveau toujours de la même manière. La rivière sculpte son lit au fil des ans, et est même capable de dompter la roche, lui donnant une forme. Le travail consiste donc à inverser le processus, de remonter le courant. Nous viendrons plus tard sur les techniques appropriées pour dompter le courant de la rivière.

L’hippocampe et la mémoire déclarative ou explicite versus l’amygdale ou la mémoire émotionnelle

Dans cette dernière expérience, c’est bien l’amygdale qui joue un rôle dans la peur, puisque si on endommage le cortex auditif ou l’hippocampe du rat après le conditionnement, la réponse à la peur est conservée. En revanche, la peur est éliminée si on neutralise l’amygdale.

File source: http://commons.wikimedia.org/wiki/File:MEMOIRE_LTM.jpg

L’amygdale participle au système de memorization dès lors que l’émotion intervient.

Exemple:

Un carré bleu est associé à un choc électrique désagréable: le sujet crée un conditionnement aversif à la vue du carré bleu.

Mais un patient ayant une lesion de l’amygdale ne présente aucune peur à la vue du carré bleu, même si il peut se souvenir que le carré bleu est associé à un électrochoc.

A l’inverse, un patient souffrant d’une lésion de l’hippocampe exprimera une réponse émotionnelle conditionnée de peur, mais il ne sera pas capable de faire le lien explicite entre le carré bleu et le choc électrique: il ne pourra pas déclarer pourquoi il a peur, car ne se souviendra pas de son conditionnement passé.

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